La remise à l’eau ou la « graciation » du poisson consiste à le remettre à l’eau dans des conditions favorisant sa survie.
Quelques conseils de bonne pratique:
- L'utilisation d'hameçons sans ardillon permet de faciliter le décrochage du poisson.
- Ayez tout l’équipement nécessaire à portée de main pour mesurer, décrocher et éventuellement photographier vos prises. D’une part, cela facilitera les manipulations et le décrochage des poissons d’autre part, la remise à l’eau du poisson sera accélérée.
- Limitez la durée du combat, pour ce faire, récupérez le poisson le plus rapidement possible après l’avoir ferré. Utilisez un ensemble de pêche (canne, un moulinet, fil...) approprié à la taille de l’espèce recherchée.
- Manipulez délicatement votre poisson, le moins longtemps possible. Evitez d’enlever le mucus qui le recouvre. Évitez de toucher aux branchies. Faites les manipulations si possible en maintenant le poisson dans l’eau (propre afin d’éviter de faire circuler des débris et de la vase dans les branchies du poisson), placez le poisson face au courant. S’il n’y a pas de courant, maintenez-le par la queue et laissez-le ventiler par lui-même sans faire de mouvement. (Les mouvements de va-et-vient sont inutiles puisque, pour extraire l’oxygène, l’eau doit circuler de la bouche vers les branchies et non à l’inverse) Si vous devez le manipuler hors de l’eau, ayez de préférence les mains nues et mouillées en limitant le plus possible le temps d’exposition à l’air à moins de 15 secondes. Plus le poisson est exposé longtemps à l’air, moins bonnes sont ses chances de survie. Préférez, vous tenir à genoux, en cas de fausse manœuvre, le risque de chute est moindre pour le poisson et évitez le contact avec le sol (terre, sable...).
- Retirez l’hameçon délicatement ou coupez-le s’il est trop profondément engagé. Retirez délicatement l’hameçon en utilisant des pinces à long bec. Si l’hameçon est profondément inséré dans le poisson, coupez l’avançon près de l’œil de l’hameçon. Il est préférable de laisser un hameçon dans le poisson plutôt que de s’acharner à tenter de l’enlever puisque cela augmente son temps d’exposition à l’air et aggrave ses blessures.
- Laissez au poisson le temps de récupérer sans lui imposer de mouvements de va-et-vient, lorsqu’il commence à se débattre, respire normalement et a retrouvé l’équilibre, relâchez-le.
Ces quelques conseils peuvent vous être utiles sur tous les parcours de la Truite Longuyonnaise lorsque vos prises ont une mesure inférieure à la taille de capture, ou si vous choisissez de relâcher vos prises.
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Pour aller plus loin, ci-dessous le résumé d’une étude scientifique Canadienne qui
confirme l’importance du phénomène de mortalité différée sur les parcours ou la
pression de pêche est forte.
Retenez bien ce risque lorsque vous remettez à l’eau un
poisson sous la maille ou un poisson trophée pour la photo.
7 sur 10 mourront dans
les 12 heures qui suivent s’ils ont la tête hors de l’eau plus d’une minute,
4 sur 10 mourront pour
30 secondes d'exposition à l'air libre,
1 sur 10 mourra s'il est décroché dans l'eau sans exposition
à l'air libre.
Alors attention à vos
smartphones, si vous êtes partisan d'une pêche durable.
Physiological Effects of Brief Air Exposure in Exhaustively Exercised
Rainbow Trout (Oncorhynchus mykiss): Implications for "Catch and
Release" Fisheries
R. A. Ferguson and , B. L. Tufts
Publié sur le Web 11 April 2011.
Journal canadien des sciences halieutiques et aquatiques, 1992, 49(6):
1157-1162, https://doi.org/10.1139/f92-129
Résumé
Des truites
arc-en-ciel (Oncorhynchus mykiss) exposées à l'air pendant 60 s après
une activité physique épuisante ont présenté, tout d'abord, une acidose
extracellulaire beaucoup plus élevée que celles qui n'avaient pas été exposées
à l'air. Dans les deux groupes, toutefois, le pH plasmatique est revenu à la
normale dans les quatre heures suivantes. La concentration de lactate sanguin
était également plus élevée chez les poissons exposés à l'air, et elle a
continué à augmenter tout au long de l'expérience. Pendant l'exposition à
l'air, on a enregistré une rétention de dioxyde de carbone dans le sang, la
tension en oxygène (Po2) et le transport de la molécule
d'hémoglobine oxygénée (Hb : O2) diminuant tous deux de plus de 80%.
Cependant, après 30 min de repos, les gaz sanguins se situaient à des niveaux
comparables à ceux des poissons n'ayant pas été exposés à l'air. Finalement, le
taux de survie après 12 h était de 100% chez les témoins et de 88% chez les
poissons ayant été soumis à des exercices épuisants, mais il a chuté à 62 et à
28% chez ceux qui ont été exposés à l'air pendant 30 et 60 s respectivement
après ces exercices. Ces résultats indiquent que, dans de nombreux cas de pêche
avec remise à l'eau des prises, la courte période pendant laquelle les truites
sont exposées à l'air représente un stress supplémentaire important, qui peut
en fin de compte, avoir une incidence sur la survie des poissons relâchés.